La « manip » d’un journal parisien en mai 1936
Adolf Hitler et les Hittler de Gunstett
En découvrant par hasard dans le cimetière d’Aubervilliers (93) la tombe de Joseph Hittler, né Gunstett,
Paul Lenglois, romancier et collaborateur du quotidien parisien radical-socialiste.
La Volonté, s’est évidemment demandé s’il n’était pas un parent éloigné d’Aldolf Hitler. Il s’est
renseigné sur l’état-civil du défunt, mais pour en avoir la confirmation de cette parenté il se
devait de remonter à la source. Il obtint donc de son journal de faire, en avril 1936, un reportage
à Strasbourg sur la campagne électorale qui allait donner la victoire au Front Populaire pour
pouvoir consulter en même temps les registres bas-rhinois. En quelques séances rapides aux
archives, il acquit ainsi la conviction qu’il y avait bien parenté.
Son reportage sur la campagne électorale parut dans La Volonté du samedi 25 avril 1936, suivi
deux semaines plus tard de son enquête en trois parties et toujours en première page, sur les
origines alsaciennes du Führer. Les titres entendaient faire sensation.
L’édition du vendredi 8 mai 1936 titrait ainsi :
Les grandes enquêtes de « La Volonté »
Le Führer Adolf Hitler est le petit-fils authentique de Français strasbourgeois
Le gros titre du samedi 9 mai 1936 était de la même veine :
Adolf Hitler, petit-fils de Français
Comment les ancêtres du Führer émigrèrent du Tyrol
Fuyant les sanguinaires cuirassiers de Pappenheim, des Hitler vinrent faire souche à Strasbourg,
Gunstett… et jusqu’à Aubervilliers
Le final du dimanche 10 mai 1936 claironnait :
Les origines alsaciennes d’Adolf Hitler
Le sang du Reichsführer est celui du maître cordonnier de Strasbourg française
Étrange destinée que celle du chef de l’Allemagne, qui n’a pas de sang allemand dans les veines
Le Journal d’Alsace-Lorraine de Strasbourg (mais pas les Dernières Nouvelles de Strasbourg),
eut la naïveté de republier aussitôt cette « grande enquête » dans ses propres éditions du dimanche
10 mai, mercredi et jeudi 13 et 14 mai 1936. Sa seule précaution a été de laisser au quotidien
parisien « l’entière responsabilité de l’authenticité de ses découvertes ». Mais la rapidité de cette
reproduction laisse néanmoins supposer une connivence.